L’art chinois a probablement la plus vieille tradition ininterrompue au monde, et est marqué par un degré de continuité inhabituel ainsi que par une conscience de cette tradition, sans équivalent à l’effondrement puis au progressif rétablissement des styles classiques occidentaux. Aujourd’hui dans "Les Pensées sur l’art du mercredi", nous souhaitons présenter de l’art chinois pour la toute première fois. Cette série de quatre peintures forme un des premiers chefs-d’œuvre de Gao Jianfu, achevé en 1905 à vingt-sept ans. Les deux panneaux de chaque côté présentent des pivoines et des bigognes de Chine respectivement, tandis que les deux au centre font apparaître un melon en fleur et un lotus – deux sujets qui deviendront les préférés de Gao tout au long de sa carrière artistique. Gao utilise des techniques bien connues de 'zhuangshui', ou 'méthode d’infusion d’eau', et 'zhuangfen', ou 'méthode d’infusion de pigment', mais il ajoute un peu de son propre style afin de donner à la végétation un aspect vif et tridimensionnel. Les poissons dans l’eau et le reflet de la lune se démarquent aussi par l’application de lavis amenant de la profondeur visuelle et ainsi, du réalisme. Remarquez le décalage des quatre vues: le mouvement des tiges et des vrilles, le traitement de l’espace, ainsi que le style rafraîchissant de la mise en page qui le distingue de ses prédécesseurs. Cette série indique déjà la direction artistique qu’il s’apprête à prendre. Sur trois des panneaux, Gao applique la signature 'Gao Lun', un nouveau nom qu’il utilisera dans toutes ses futures œuvres à la place de ses anciennes signatures. Il s’agit d’un geste significatif qui indique sa détermination à mettre en œuvre du changement.
- Artur Dionisio